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Comment expliquer la chute de la consommation du vin en France ?

Publié le 12/04/2023 par Camille

Ce n'est pas un scoop, en l'espace de 10 ans, la consommation de vin a chuté de près de 20% en France. Un déclin qui, en réalité, dure déjà depuis 60 ans, puisqu’aujourd'hui un français ne consomme "plus que" 40 litres de vin par an, contre 120 litres en 1960, soit une baisse de 70%.

Mais alors, comment expliquer cette chute de la consommation et quelles sont les infos clefs à retenir ? Gaspard a mené l'enquête.

La loi Evin

En 1991, sous le gouvernement de Michel Rocard, les députés votaient la loi Evin. Destinée à lutter contre l'alcoolisme et la promotion de l'alcool auprès des jeunes, elle interdit la publicité pour l’alcool à la télévision et à la radio, et impose des restrictions sur les publicités pour les l’alcool dans les magazines et les journaux. Elle limite également la vente de boissons alcooliques aux mineurs et impose des restrictions sur la vente d'alcool dans les lieux publics tels que les bars et les restaurants. La loi Évin établit également des règles relatives à la responsabilité sociale des entreprises qui produisent et distribuent ces produits, comme l'obligation de mettre en place des programmes de prévention et de sensibilisation à l'alcoolisme. Cette loi a été mise en place pour répondre aux préoccupations croissantes quant à la consommation excessive d'alcool en France et aux effets négatifs de celle-ci sur la santé publique.

Si la filière viticole s'est longtemps insurgée de cette loi qui a obligé bon nombre de vignerons à repenser leur façon de communiquer, elle ne peut cependant expliquer à elle seule la baisse de la consommation de vin en France. Même s'il parait évident qu'elle a impacté la façon de consommer des ménages, auxquels on ventait jusque-là les mérites de la consommation de vin à travers de grandes campagnes d'affichage.

Les préoccupations liées à la santé

Les inquiétudes quant à l'alcoolisme et les risques sur la santé liés à la consommation excessive d'alcool ont conduit à une réduction de la consommation de vin en France. En marge de la loi Evin qui encadre la publicité pour la promotion des vins, les campagnes de sensibilisation sur les risques liés à l'alcool se sont multipliées et ont eu un impact sur les habitudes de consommation des français. Aujourd'hui, les consommateurs sont de plus en plus concernés par leur santé et optent pour des options plus saines, notamment en réduisant leur consommation d'alcool. Les rafraichissements non alcoolisés, tels que l'eau, les jus de fruits et les boissons gazeuses, connaissent d'ailleurs une croissance importante.

Une concurrence féroce

Des boissons alternatives

La concurrence des boissons alternatives sur le marché du vin est un phénomène croissant qui a un impact sur la consommation de vin.

Les bières artisanales et les bières à haute teneur en alcool ont connu une croissance importante ces dernières années, offrant des options intéressantes aux consommateurs. Tout comme les spiritueux tels que le gin, le whisky et le rhum, qui ont également gagné en popularité. Le kombucha et autres breuvages sans alcool tels que les jus de fruits et les boissons gazeuses ont également connu une croissance importante, offrant des options plus saines.

Défi croissant que de répondre à cette concurrence, les producteurs et les distributeurs de vin doivent se démarquer en proposant des vins de meilleure facture, en mettant en avant les avantages de la consommation de vin modérée, en proposant des options plus saines et en se concentrant sur la différenciation. Les producteurs peuvent également mettre en avant les aspects culturels et historiques du vin, qui sont uniques par rapport aux autres breuvages, tout en développant les expériences et les conseils de dégustation pour aider les amateurs à mieux apprécier le vin.

D’autant que, sur le marché du vin, la concurrence ne vient pas que de ces breuvages alternatifs…

Et des vins étrangers

En France, la concurrence des vins étrangers est un phénomène qui a nettement augmenté. Les vins d'Espagne, d'Italie, du Chili, d'Argentine et des États-Unis, ont particulièrement gagné en popularité en raison de leur qualité et de leur prix abordable. Puisque les consommateurs sont de plus en plus ouverts à essayer des vins provenant d'autres pays, les importateurs et les distributeurs étrangers ont augmenté leurs efforts pour promouvoir leurs produits sur le marché hexagonal. Pour autant, les vins produits en France restent très compétitifs grâce à leur qualité et leur réputation et les producteurs doivent se concentrer sur la différenciation pour maintenir leur position sur le marché.

Un modèle de consommation qui change

Si plusieurs facteurs expliquent le déclin de la consommation de vin en France, il en est un qui est au cœur des préoccupations de toute la filière : l’évolution du style de vie des français.

D'abord, puisque pour des raisons de santé la consommation régulière d'alcool n'est plus souhaitable, les ménages n'ouvrent plus systématiquement une bouteille de vin à chaque repas. Cette réduction de la consommation s'explique aussi par la hausse des prix du nectar, contraignant les foyers à limiter leurs achats de vins. Enfin, notons que la structure des ménages est en pleine mutation et que de nombreux foyers sont aujourd'hui composés d'une personne seule, ce qui limite l'ouverture spontanée d'une bouteille. Les français préfèrent en effet consommer de l’alcool à des moments et à des endroits spécifiques plutôt que seuls chez eux, en tête à tête avec leur bouteille.

Certes, sur le papier, cette modification du modèle de consommation a de quoi inquiéter. Pour autant, elle s’accompagne d’une tendance des plus encourageante pour les acteurs du marché : les consommateurs sont de plus en plus intéressés par la dégustation de vin et cherchent à en apprendre davantage sur les différents cépages, les régions de production et les techniques de vinification. Ils se tournent ainsi vers des vins de meilleure facture, ce qui, encore une fois, doit inciter les producteurs à se différencier par la qualité.

Quel avenir pour le vin ?

Si la façon de consommer du vin a changé et continue de changer en raison des préoccupations liées à la santé, de la concurrence des boissons alternatives et des vins étrangers, de l'évolution des modes de consommation, des styles de vie et de la baisse du pouvoir d’achat, toutes ces mutations entraînent de nouvelles perspectives encourageantes. La filière viticole doit pouvoir y répondre par une adaptation de l’offre. Certes, un français ne consommera à priori plus jamais 120 litres de vin à lui seul sur une année. Néanmoins, « consommer moins mais consommer mieux » semble être la nouvelle tendance du marché de ces dernières années.

Un aspect stimulant pour la valorisation du savoir-faire bleu blanc rouge en matière de vin, d’autant que les vins made in France jouissent déjà d’une réputation mondiale pour leur qualité et leur tradition.

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