Baux-de-Provence, la première appellation 100% bio

Au cœur de la Provence, dans les Bouches-du-Rhône, l’AOC Baux-de-Provence s'étend sur une bande calcaire d'une trentaine de kilomètres au cœur des Alpilles. Confidentielle par sa taille, puisque le vignoble s'étend sur moins de 200 hectares, l'appellation ne l'est certainement pas dans sa réputation, qu'elle se forge depuis le milieu du XXème siècle. Terroir de prestige façonné par le mistral impétueux, il est cultivé par une dizaine de vignerons seulement, lesquels placent le respect de l’environnement au cœur de leur travail quotidien. Et pour cause, l'AOC Baux-de-Provence est sur le point de devenir la première appellation 100% bio de France ! Coup d'œil sur cette discrète mais exemplaire dénomination qui, d'ici 2023, pourra se targuer d'être la seule à pouvoir arborer le célèbre logo vert sur l'ensemble de ses bouteilles.

Histoire et origines du vignoble des Baux-de-Provence

A cheval entre les versant nord et le versant sud des Alpilles, le vignoble des Baux est surplombé de la remarquable cité des Baux-de-Provence. Témoignage d'un héritage chargé d'histoire, l'éperon rocheux a toujours connu l'occupation de l'homme, convoité pour sa position stratégique permettant d'observer et de se protéger des assauts. La forteresse de pierre, érigée sur ce plateau caillouteux, a quant à elle fait l'objet de grands travaux amorcés dès le début du XIIIème siècle par les seigneurs Hugues et Barral des Baux. 

Au cœur de ce passé millénaire, la vigne a toujours fait partie du paysage. Autrefois cultivée par les Grecs avant de l’être par les Romains, cela fait des siècles que les hommes en vinifient son raisin. Enracinée dans ces sols arides et calcaires, elle cohabite avec les oliviers qui, dans la vallée, règnent en maîtres.

Durement touché par la crise du phylloxéra, le vignoble s’est reconstruit à partir des années 50, sous l’impulsion d’une poignée d’hommes et de femmes. Parmi les précurseurs de cette renaissance, le vigneron d’origine bourguignonne Robert Faye, qui fut le premier à réintroduire la culture de la vigne dans la vallée. En 1956, les vins des « Coteaux des Baux-de-Provence » obtiennent la reconnaissance en « Vins Délimités de Qualité Supérieure ».

Doucement mais sûrement, les propriétaires qui s’installent tirent la qualité des vins vers le haut, bien décidés à redonner au vignoble toutes ses lettres de noblesse. Et le travail est payant : en 1985, les vins des Baux entrent dans l’AOC Coteaux d’Aix-en-Provence. Une distinction encourageante qui ne fait que renforcer la volonté des vignerons de la vallée à faire reconnaitre la qualité de leurs vins. Avant-gardistes, l’ensemble des viticulteurs défend déjà une agriculture bio voire biodynamique, ce qui ne fait que consolider la qualité de l’appellation naissante.

Parmi les premiers à franchir le cap du bio, Noël Michelin qui, en 1968, acquiert le Domaine des Terres Blanches. Pionnier du mouvement, il profite du climat très favorable pour supprimer l’utilisation d’engrais chimiques, insecticides et autres traitements pourtant très à la mode. Dans son sillage, d’autres vignerons prennent le virage du bio à leur tour, conscients que la qualité du terroir et du climat méditerranéen auquel ce dernier est soumis facilitent largement cette méthode culturale.

Dix ans plus tard, les vins rouges et les rosés produits dans les Baux décrochent enfin la précieuse appellation d’origine contrôlée « Baux-de-Provence ». Une consécration. La dénomination regroupe alors 8 villages : Les Baux-de-Provence, Fontvieille, Maussane-les-Alpilles, Mouriès, Paradou, Eygalières, Saint-Etienne-du-Grès et Saint-Rémy-de-Provence.

En 2010, les vins blancs produits sur cette aire de production rejoignent à leur tour l’AOC.

Aujourd’hui, 11 domaines font vivre le vignoble. Les femmes, à la tête de plus d’un tiers d’entre eux, y occupent une réjouissante car inhabituelle proportion. Parmi elle, la talentueuse vigneronne Dominique Hauvette qui, depuis son installation en 1988, s’est distinguée à de nombreuses reprises pour son savoir-faire œnologique hors-pair et son travail en bio et biodynamie.

Géologie et climat du vignoble des Baux-de-Provence

Nichées au cœur du massif préalpin des Alpilles, les vignes des Baux-de-Provence sont enracinées dans un terroir homogène constitué de sols calcaires issus du Crétacé et du Miocène. Très caillouteux, ces sols regorgent de grès et de sables alluviaux qui permettent un drainage naturel. Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi la bauxite, une roche rouge alumineuse et ferrugineuse, dont la découverte dans la vallée des Baux en 1821 explique qu’on lui ait donné ce nom.

De cette géologie tourmentée, les vignes en tirent les apports nécessaires à leur plein épanouissement. Ouverts aux vents, les versants sur lesquels elles sont cultivées sont constamment balayés par le mistral qui protège le vignoble des précipitations et du froid.

Enfin, la forte luminosité dont bénéficient les coteaux permet une maturité optimale des raisins.

Quel est le style des vins de Baux-de-Provence ?

Parce que l’ensoleillement et le mistral conjuguent leurs forces pour offrir les meilleures conditions climatiques aux vignes, l’appellation produit des vins concentrés et très aromatiques, tintés de notes de garrigue. Si le vignoble est une terre de vins rouges par excellence, avec une production qui dépasse les 50%, il est aussi le berceau de vignes dédiées à l’élaboration de blancs et de rosés, dont la qualité n’est plus à démontrer. Focus sur le style des vins des Baux-de-Provence, dans les trois couleurs.

Les rouges :

Les vins rouges de l’AOC sont des vins charpentés et calibrés, auxquels les arômes de petits fruits noirs et de garrigue confèrent beaucoup d’élégance. Généralement marqués par des tanins fondus, ils sont propices à la garde et répondent au rendez-vous des viandes racées comme le petit gibier, l’agneau ou le cochon.

Les cépages principaux sont le grenache, la syrah et le mourvèdre et doivent constituer 60% de l’assemblage minimum. Ils peuvent être complétés des cépages secondaires que sont le cinsault, la counoise, le carignan et le cabernet sauvignon.

Les rosés :

Les rosés des Baux-de-Provence offrent de jolies notes mûres de fraise et de groseille et une trame épicée. Marqués par la fraîcheur, ils conjuguent gourmandise et complexité. Ils initient de beaux mariages avec les fruits et légumes du soleil, à l’instar des aubergines, tomates, courgettes et des fraises et abricots.

Pour être en appellation Baux-de-Provence, les rosés doivent contenir 60% minimum des cépages principaux que sont le grenache, la syrah et le cinsault. Le mourvèdre, le carignan et le cabernet sauvignon peuvent quant à eux être utilisés en cépages secondaires.

Les blancs :

Même s’ils ne représentent qu’une faible proportion de la production des vins en AOC Baux-de-Provence, les vins blancs offrent des profils très suaves qui en font de jolis vins gastronomiques. Avec une large palette aromatique qui fait la part belle aux fruits jaunes, aux agrumes, aux fruits exotiques mais aussi aux arômes floraux d’acacia et de miel, ils présentent une remarquable complexité. Parfois tintés de légers amers, ils sont très minéraux et accompagnent ainsi à merveille plateaux de fruits de mer ou fromages de chèvre.

Les cépages principaux sont le grenache blanc, le vermentino et la clairette. Les cépages secondaires sont la roussanne, la marsanne, le bourboulenc et l’ugni.