Château d Yquem le joyau de Sauternes

Au sud de la région de Bordeaux, à Barsac, terre promise des vins blancs liquoreux, le Château d'Yquem est un joyau de l'appellation Sauternes, tant dans son héritage historique que dans sa tradition viticole prestigieuse. En tant que domaine phare de la production de vins blancs liquoreux, le Château d'Yquem incarne l'excellence et ses vins de légende sont même considérés comme les meilleurs vins au monde. Gaspard vous embarque dans cette propriété iconique de Bordeaux.

L'histoire du Château d'Yquem

Le fascinant récit du Château d'Yquem s'étend sur plus de quatre siècles, dévoilant une histoire épique, rythmée par des événements marquants et des personnages pittoresques.

N'en déplaise aux français, le Château d'Yquem a d'abord appartenu au roi d'Angleterre qui, durant le Moyen-Age, était également Duc d'Aquitaine. S'il a fallu attendre le milieu du XVème siècle pour que cette région soit rattachée à la couronne de France sous l'égide de Charles VII, ce n'est qu’un siècle et demi plus tard que le vignoble a commencé à être cultivé par la famille Sauvage, une famille notable de Bordeaux.

A cette époque, déjà, des archives attestent de la pratique des vendanges tardives, conférant au Château d'Yquem un statut de précurseur dans la production de vins blancs liquoreux. Durant le XVIIème siècle, la famille Sauvage entreprend la construction du château et établit progressivement le vignoble actuel en sélectionnant méticuleusement les meilleures parcelles des environs. En 1711, la famille est anoblie sous le règne de Louis XIV et devient officiellement propriétaire du château d'Yquem dont elle n'avait jusque-là que les droits de tenure simple (c’est-à-dire le droit de jouir des terres sans pour autant en être propriétaire).

En 1785, Françoise Joséphine de Sauvage d'Yquem épouse le comte Louis Amédée de Lur-Saluces. Trois ans plus tard, en 1788, le comte décède des suites d'une chute de cheval. La jeune veuve assume alors la responsabilité de chef de famille et fait preuve d'un talent remarquable dans la gestion de son domaine, dont la production est déjà très prisée par les grands amateurs de l'époque. Et c’est aussi sous le règne du Roi Soleil, tombé sous le charme des vins du Château d’Yquem, que le domaine connaît un essor considérable. Mieux placé que quiconque pour en faire la promotion, la réputation du nectar liquoreux dépasse petit à petit les frontières françaises et gagne les grandes cours européennes qui se pressent alors pour acquérir les précieuses bouteilles.

Malgré les épreuves de la Révolution, Françoise Joséphine parvient à préserver l'héritage familial et à faire prospérer la propriété d'Yquem. En 1826, son audace la conduit à construire le chai, ce qui n’est pas fréquent pour l’époque, et elle transforme ainsi le domaine en une véritable entreprise viticole dont la renommée internationale ne cessera par la suite de se développer. C'est également durant cette période que la méthode des vendanges par tries successives est élaborée.

La consécration ultime arrive en 1855 lors de l'Exposition Universelle de Paris. Le Château d'Yquem se voit attribuer le titre de Premier Cru Supérieur, une distinction unique qui le place au-dessus des autres Premiers Crus Classés. Cette reconnaissance confirme la qualité exceptionnelle de ses vins.

Durant le siècle suivant, la famille de Lur-Saluces reste aux commandes du domaine. A la fin des années 1960, sans descendance et souhaitant assurer l'avenir du Château d'Yquem, Bertrand de Lur-Saluces prend les devants et désigne Alexandre de Lur-Saluces, l'un des fils de son frère Amédée, pour lui succéder à la tête du domaine.

Les premières années du jeune comte sont éprouvantes. Une succession d'années difficiles, une crise du négoce dévastatrice et d'importants droits de succession mettent en péril Yquem et sa pérennité. Grâce à une gestion rigoureuse et un excellent millésime en 1975, après trois millésimes consécutivement désastreux, le domaine est sauvé. Les années 80 voient de meilleures récoltes, permettant de relancer la production et de réaliser de nouveaux investissements. En quinze ans, le potentiel de production s'améliore progressivement, avec des normes d'exigence et de technicité encore plus élevées qu'auparavant.

À la fin du XXe siècle, le Château d'Yquem, monument parmi les grands vins, est acquis par le groupe LVMH Moët Hennessy-Louis Vuitton sous l'impulsion de Bernard Arnault, ouvrant ainsi un nouveau chapitre de l'histoire d'Yquem.

Depuis lors, à l'instar des familles Sauvage et Lur-Saluces, Yquem n'a cessé de promouvoir sa modernité, son authenticité, son savoir-faire et sa capacité à s'adapter aux évolutions du temps.

Le vignoble du Château d'Yquem

Dans cette région unique de Sauternes, une alchimie exceptionnelle rassemble tous les éléments favorables à la viticulture. Les sols, chauds et drainants en surface, profitent de la rétention de chaleur procurée par les galets des grosses graves. De plus, leurs sous-couches argileuses assurent de bonnes réserves d'eau. Plusieurs sources y affleurent, et la gestion du régime hydrique du sol a incité, depuis longtemps, à la mise en place d'un système de drainage (100 km de drains depuis le XIXe siècle). L'immensité d'Yquem a permis d'implanter le vignoble (113 hectares) sur une vaste gamme de la mosaïque géologique du Sauternais. La diversité extraordinaire des sols qui en découle constitue un facteur clé de la complexité finale du vin d'Yquem. C’est dans ces conditions idéales que s’épanouissent les cépages emblématiques du sauternais : le sémillon (qui représente 75 % du vignoble), riche et généreux, apportant structure et volume, et le sauvignon (25 % du vignoble), précoce mais moins régulier, qui enrichit le vin par ses arômes et sa finesse.

Le travail de la vigne

Le Château d'Yquem accorde une attention particulière au travail de la vigne. La taille est rigoureuse et les rendements sont limités afin de favoriser la concentration des arômes et des saveurs. Les vendanges sont réalisées manuellement et en plusieurs passages pour sélectionner les raisins atteints de la pourriture noble (Botrytis cinerea), un phénomène naturel qui permet d'obtenir des vins d'une grande complexité et d'une finesse inégalée.

Les méthodes de vinification

Les techniques de vinification du Château d'Yquem sont basées sur un savoir-faire ancestral associé à l'innovation et à la recherche constante de la perfection. La fermentation se fait en barriques neuves de chêne français, avec un élevage de 30 à 36 mois. Ce processus lent et minutieux permet de développer les arômes et d'affiner les vins.

Les vins du Château d'Yquem

Les vins du Château d'Yquem sont reconnus pour leur qualité exceptionnelle et leur capacité à traverser les décennies, voire les siècles, sans perdre de leur superbe. Leur caractère unique provient de la richesse du terroir, du travail rigoureux à la vigne et des méthodes de vinification exigeantes.

Château d'Yquem – Premier Cru Supérieur – AOC Sauternes

Le vin emblématique du domaine, ce Sauternes est une référence absolue en matière de vin liquoreux. Doté d'une robe dorée, il offre une palette aromatique complexe, marquée par des notes de fruits confits, de miel, de fleurs et d'épices. Sa bouche est onctueuse et parfaitement équilibrée, alliant une grande richesse à une fraîcheur et une longueur en bouche incomparables.

Si certains adeptes du nectar blanc liquoreux se réjouissent de déguster un jeune millésime du Château d’Yquem, quelques puristes considèrent encore aujourd’hui qu’une bouteille d’Yquem ne doit pas être ouverte avant au moins trente ans de vieillissement.

Dans un souci de produire le vin le plus exceptionnel possible, le Château d’Yquem ne commercialise son vin que si la qualité des vins est au rendez-vous. Parmi les plus grands millésimes qui ont marqué l’histoire du joyau de Sauternes, le millésime 1921, 1928, et l’exceptionnel Yquem millésime 1959 sont incontestablement parmi les meilleurs cru du domaine.

Y – Château d’Yquem – AOC Bordeaux

Depuis 1959, le Château d'Yquem produit également un vin blanc sec nommé Y. S’il était jadis produit de manière irrégulière car était vinifié en fonction des grappes qui restaient sur les pieds de vigne après la récolte des raisins destinés à produire le premier cru supérieur, il est désormais produit tous les ans depuis 2004.

Issu des mêmes cépages que le Sauternes mais vinifié en vin blanc sec, cette cuvée se distingue par sa vivacité, sa finesse et sa minéralité. Son bouquet est dominé par des notes d'agrumes, de fleurs blanches et de fruits exotiques.