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Etiquetage des vins, qu'est-ce qui va changer ?

Publié le 07/04/2023 par Camille

À compter du 8 décembre 2023, un bouleversement significatif se produira dans le secteur du vin. En effet, les bouteilles de vin devront désormais afficher la liste des ingrédients qu’elles contiennent ainsi qu’un tableau nutritionnel. Un véritable révolution de l’étiquetage du breuvage dionysiaque, en somme, qui vise à offrir une meilleure information aux consommateurs et à leur permettre de faire des choix éclairés sur les vins qu'ils achètent et consomment.

Pourquoi cette réforme ?

Jusqu'à présent, le vin et les autres boissons alcoolisées n'étaient pas soumises au règlement INCO, lequel oblige l’ensemble des denrées alimentaires commercialisées dans l’Union Européenne à un étiquetage indiquant les ingrédients et les allergènes que ces dernières contiennent ainsi que leurs valeurs nutritionnelles. En décembre prochain, le secteur du vin devra pourtant se familiariser avec cette même obligation d'étiquetage, puisque celle-ci sera désormais imposée à l’ensemble des bouteilles de vin produite en Europe. Cette décision fait suite à la remise en cause de l'absence de transparence sur la composition du vin et sa valeur nutritive, notamment par les associations qui luttent contre l'alcoolisme et par celles qui dénonçaient des fraudes dans le vin. La Commission européenne a donc décidé de mettre en place un règlement spécifique pour les vins : le 2021/2117. Ce dernier sera applicable à partir du 8 décembre 2023.

Les défis pour les producteurs de vin

L'application de cette obligation d’étiquetage représente un défi de taille pour les producteurs de vin, qui devront désormais mentionner sur chaque étiquette les informations précises sur la valeur nutritionnelle et la liste des ingrédients présents dans chaque cuvée. Il faudra également prendre en compte la complexité liée au vieillissement de certains vins, dont la composition peut évoluer au fil du temps, ce qui rend leur étiquetage difficile. D’ailleurs, la mise en application d’un tel règlement soulève encore des débat sur certains vins, et notamment sur ceux de Champagne, dont le vieillissement en bouteille ne permet pour le moment pas de faire les analyses nécessaires à l’étiquetage au moment de sa commercialisation.

Dans les faits, les acteurs du secteur vin auront deux ans de tolérance pour se conformer à cette nouvelle réglementation et écouler leurs stocks embouteillés avant la mise en place de ce règlement.

Mais, à partir du 8 décembre, toutes les bouteilles produites après cette date fatidique devront répondre à la nouvelle obligation d’étiquetage.

Cependant, la collecte et la gestion des données requises pour l'étiquetage nécessiteront du personnel qualifié et des efforts conséquents de la part des producteurs, en particulier pour les petits vignerons qui devront sans doute passer par des laboratoires.

La plateforme U-label, conçue par des organisations européennes spécialisées dans les vins et spiritueux, proposera par ailleurs aux entreprises du secteur vin de réaliser une étiquette électronique accessible via un QR-code. Traduite en 24 langues, cet outil facilitera la tâche des vignerons et négociants, mais ceux-ci devront néanmoins collecter les données en amont pour chaque vin.

Un règlement délégué est en cours d'élaboration pour simplifier le travail demandé aux acteurs du vin. La phase de consultation publique s'est achevée le 23 février dernier, et le règlement délégué devrait être adopté par la Commission européenne avant juillet 2023.

L'impact sur les consommateurs

Outre les efforts pour se conformer à la réglementation, certains craignent que les consommateurs soient surpris par les informations qu'ils découvriront sur chaque bouteille. Par exemple, la présence de sucre dans le vin et la quantité de grammes qu'il en contient pourrait être inattendue pour certains amateurs du nectar bacchique. De même, ils pourraient ignorer que la liste des ingrédients entrant dans la composition d'un vin est parfois plus longue qu'ils ne le pensaient.

L'industrie agroalimentaire a déjà vécu une expérience similaire avec l'essor rapide d'applications comme Yuka, qui ont suscité un intérêt soudain des particuliers pour le détail des aliments qu'ils achètent. La liste des ingrédients, les notes obtenues sur Yuka et le Nutri-score influencent de plus en plus les choix de ces derniers, ce qui a incité les industriels à revoir leurs recettes et à les rendre plus transparentes.

Il est possible que la nouvelle réglementation concernant l'étiquetage du vin ait un effet similaire, incitant les acteurs de la filière à repenser également leur liste d'ingrédients. Cette évolution permettra quoi qu’il en soit aux consommateurs d’obtenir une meilleure information sur la composition des vins qu'ils achètent, favorisant des choix plus éclairés et responsables.

Les ingrédients qui devront être affichés

Nous l’évoquions plus haut, nombreux vont être les amateurs de vin à être surpris du nombre d’ingrédients que contient la boisson. Pourtant, de nombreuses substances sont utilisées par les vignerons au cours de la vinification et de l’élevage d’un vin afin de permettre à ce dernier de se stabiliser et de pouvoir se conserver dans le temps. Si la plupart de ces substances disparaissent une fois le produit fini, leur indication devra quand même être obligatoire dès lors qu’il en restera une trace dans le produit fini.

Ainsi, s’il parait évident que le raisin figurera en tête de la liste des ingrédients (si ce n’est pas le cas, Gaspard vous conseille de ne pas choisir cette bouteille !), les producteurs devront obligatoirement faire figurer les éventuels ingrédients d’enrichissement qu’ils auront ajouté à leur vin (le saccharose par exemple, ou encore le moût de raisin).

Ensuite, la liste devra détailler les additifs œnologiques employés, en précisant leur rôle technologique sur le vin (conservateur, régulateur d’acidité, stabilisant ou encore gaz d’emballage).

Enfin, les auxiliaires technologiques (« substances non consommées comme ingrédients alimentaires en soi », selon la définition de l’OIV) tels que les clarifiants et agents de collage présentant un caractère allergène, devront figurer très clairement et être écrits en gras. Parmi ces auxiliaires utilisés dans la production d’un vin, on retrouve la bentonite (argile naturelle), les protéines végétales (pois, pomme de terre, blé), la gélatine, l’albumine d'œuf, la caséine et l’isinglass (colle de poisson).

Outre l’utilité majeure de l’indication de ces substances pour les individus qui y seraient allergiques, notons que cette indication permettra également de mieux informer les personnes qui seraient intolérantes au lactose ou qui seraient tout simplement végétariennes ou végétaliennes.

Dans l'ensemble, il est important de rappeler que l'utilisation de clarifiants et d'agents de collage est une pratique courante et généralement nécessaire pour obtenir un vin de qualité. La nouvelle réglementation vise simplement à garantir que les individus soient informés des substances utilisées, leur permettant de faire des choix en fonction de leurs préférences personnelles, de leurs besoins diététiques et de leurs préoccupations éthiques.

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