Le vignoble du Sud-Ouest

Balayant des milliers d’hectares de vignes du massif central jusqu’aux Pyrénées en passant par la Côte Atlantique, le vignoble du Sud-Ouest est un vignoble aux mille facettes qui, à l’écart de la lumière des projecteurs braqués sur d'autres régions viticoles de France et du monde, offrent pourtant une mosaïque de paysages, de cépages et d'appellations qui en font toute la richesse.
Et pour cause, d’un bout à l’autre de son vaste territoire, la région viticole du Sud-Ouest se démarque par sa diversité. Chaque parcelle de vigne, chaque château et chaque domaine recèle des histoires séculaires, témoins des Gaulois, Romains et autres peuples qui ont modelé le paysage et la culture vinicole de cette région.
Le vignoble de Cahors, dominé par son cépage phare, le malbec, produit des vins rouges puissants et charpentés. Non loin de là, Duras et ses alentours offrent une large palette de vins, qu'ils soient rouges, blancs ou rosés. Gaillac, niché dans le Tarn, est réputé pour ses vins à la fois fruités et complexes, sans oublier Fronton, une autre appellation qui contribue largement à la renommée viticole du Sud-Ouest.
Le Pacherenc du Vic-Bilh, avec ses vins blancs doux ou secs, est l'éclat du piémont pyrénéen. Plus au nord, Madiran exprime toute sa force avec le cépage tannat, tandis que Saint-Mont dévoile des blancs rafraîchissants et des rouges équilibrés.
Gaspard vous embarque à la découverte de ce vignoble d’une richesse incomparable.

Du vin à l’Armagnac

Au-delà du vin, le Sud-Ouest, c'est aussi la terre de l'Armagnac, eau-de-vie renommée qui complète parfaitement la richesse viticole de la région. Les vignerons de ces domaines, généralement transmis de génération en génération, travaillent avec passion pour produire des nectars de qualité, qui transcendent l’art viticole.

La diversité des climats

L'influence du climat, tantôt océanique, tantôt continental, joue un rôle prépondérant dans la production. Malgré les défis que peut représenter le mildiou ou d'autres maladies de la vigne, les vignerons du Sud-Ouest sont engagés dans une démarche respectueuse de l'environnement, et nombre d'entre eux se tournent vers l'agriculture biologique.

La reconnaissance à travers les AOC

L'AOC (Appellation d'Origine Contrôlée) est une fiche d'identité pour chaque vin, garantissant son origine et sa qualité. Avec ses multiples appellations, le Sud-Ouest de la France est une véritable invitation à la dégustation. Qu'il s'agisse d'un cabernet franc de Bergerac, d'un blanc de Jurançon ou d'un vin rouge de Madiran, chaque bouteille est une découverte, une émotion. 

Voici l'ensemble des AOC qui constituent la richesse du vignoble du Sud-Ouest :

AOC Béarn (65 ; 32 ; 64)

Appellation relativement anonyme, l’AOC Béarn produit pourtant des vins tout à fait qualitatifs. L’aire de production comprend 270 ha de vignobles, lesquels se confondent par endroits avec le Madiranais et le Jurançonnais. Elle se situe entre Salies-de-Béarn et le village de Bellocq, sur les collines de la vallée du Gave. Les Pyrénées, à quelques jets de pierre, apportent à la région un climat océanique humide, propice à l’élaboration de vins très aromatiques. Traversé par le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, le vignoble avait jadis acquis une forte popularité, notamment auprès de Jeanne d’Albret, mère d’Henri IV.

AOC Brulhois (47 ; 82 ; 32)

Située en Armagnac, entre les rives de la Garonne et les collines gasconnes, l’appellation Brulhois tire sa singularité d’une identité à la fois Aquitaine et Occitane. Si son origine remonte à l’époque Gallo-Romaine, il faudra attendre le XIVème siècle et l’occupation Anglaise pour le commerce de ses vins. A l’époque alors, plusieurs dizaines de milliers d’hectolitres de ce nectar sont exportés grâce aux gabarres jusqu’au port de Bordeaux puis déversés dans toute l’Europe. Tombé dans l’oubli après la Révolution, le vignoble connait néanmoins un renouveau depuis une trentaine d’années.

AOC Buzet (47 ; 82)

C’est dans les environs d’Agen, en plein pays d’Albret, que 2000 ha du vignoble de Buzet sont cultivés depuis le Moyen-Âge. Situées de part et d’autre de la Baïse, sur des sols riches en minéraux, les vignes jouissent d’un climat océanique plus clément que sur la côte Aquitaine et d’un ensoleillement important. Les cépages cultivés, typiquement Bordelais, donnent des vins connus pour leur caractère. Située aux portes de la forêt landaise, l’appellation dispose d’un écosystème singulier, composé d’une faune exceptionnelle. Singularité dont elle a su tirer profit en s’engageant depuis plus de 10 ans dans la voie de la responsabilité sociétale et environnementale (RSE).

AOC Cahors (46)

Entre océan Atlantique et mer Méditerranée, le vignoble Cadurcien est situé sur les contreforts du Massif Central. Son aire de production, qui s’étend sur 4500 ha, est divisée en deux zones. L’une d’elle se situe entre 250 et 350 mètres d’altitude, sur le terroir calcaire du Causse. La deuxième quant à elle est composée de terrasses construites le long du Lot.
La particularité de l’appellation tient dans l’utilisation ancestrale d’un cépage devenu emblématique de ces terres : le malbec. Le terme « malbec » trouve son origine au XVIIIème siècle lorsqu’un certain monsieur Malbeck – exploitant viticole de la région – diffusa ce cépage en lui donnant son nom de famille. Les vins rouges de Cahors sont réputés pour leur complexité et leur puissance, bien qu’une nouvelle génération de vignerons tende à produire des vins plus accessibles aujourd’hui.

AOC Coteaux du Quercy (46)

Entre Gaillac et Cahors, il y a un terroir qui a obtenu en 2011 l’appellation d’origine contrôlée. Ce terroir, fort d’une identité à part entière, n’est autre que l’AOC Coteaux du Quercy.
Petite surface de 250 ha, elle a la particularité d’abriter des vignobles qui cultivent essentiellement du Cabernet Franc, cépage rouge emblématique du Bordelais. Il donne une singularité aux vins qui s’expriment avec une trame assez tannique. Dans cette terre de bocages, les exploitations – souvent familiales – se comptent au nombre de 25.

AOC Côtes-de-Duras (47)

A une centaine de kilomètres de l’Atlantique, non loin de Bergerac, 2000 ha de vignes sont cultivés sous l’appellation Côtes-de-Duras. Les vignobles, installés sur de petites collines, bénéficient d’un climat océanique qui conviendra particulièrement à la culture de cépages rouges. Sans surprise, nous retrouvons parmi ces cépages le Merlot, Cabernet Sauvignon et Franc mais aussi le Malbec, comme un trait d’union entre Aquitaine et Occitanie. Les nectars sont souvent corsés avec de profonds arômes comme le cuir. Depuis plusieurs années, un travail de restructuration du vignoble est opéré par de nombreux viticulteurs qui ont à cœur de développer la renommée des vins de Duras en développant leur potentiel qualitatif.

AOC Côtes-de-Millau (12)

Appellation en plein rajeunissement, l’appellation Côtes-de-Millau a pourtant déjà connu de grandes heures de gloire lorsque, durant des siècles, le vin garantissait la prospérité du Sud-Aveyron. D’innombrable terrasses de vignes permettaient alors de produire des centaines de milliers d’hectolitres ensuite exportés. Si ce commerce prospère a bien existé, il a pourtant petit à petit disparu pour laisser la renommée au Roquefort. Aujourd’hui, les vignerons des Gorges du Tarn travaillent à pied d’œuvre en arrachant les vieux ceps et en replantant des cépages ancestraux. Moins de quantité mais plus de qualité pour cette appellation qui compte bien retrouver ses lettres de noblesse.

AOC Côtes-du-Marmandais (47)

Non loin de la forêt des Landes et véritable carrefour entre l’appellation Aquitaine de l’Entre-Deux-Mers et ceux de l’Agenais, l’AOC Côtes-du-Marmandais constitue une aire de production de 1320 ha. Faite de coteaux et de vallons, les vignes sont cultivées sous l’influence du climat océanique. De part et d’autre de la Garonne, on observe ici des terroirs bien distincts : rive droite, des sols fait d’argile et de calcaire ; rive gauche, des sols constitués de graves. Cette typicité permet aux 90 viticulteurs de l’appellation de produire des vins puissants comme des vins plus élégants et soyeux.

AOC Côtes-de-Saint-Mont (32)

Comme une bénédiction, l’appellation Côtes-de-Saint-Mont se trouve à la croisée des deux principaux chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Le vignoble trouve ses origines en 1050, lorsque les bénédictins y fondèrent le Monastère de Saint-Mont. C’est grâce aux pèlerins que la réputation des nectars se répand. Aussi les siècles qui ont suivi ont permis d’étendre cette aire de production à une surface actuelle de 1200 ha, située de part et d’autre de la vallée de l’Adour et, dès le XVIème siècle, les vins se sont exportés vers les Pays-Bas et l’Angleterre.

AOC Entraygues-Le-Fel (12 ; 15)

Micro vignoble plutôt méconnu, l’appellation Entraygues-le-Fel fait pourtant l’objet d’un renouveau dynamique depuis les années 80, porté par une nouvelle génération de viticulteurs.
A cheval sur les départements du Cantal et de l’Aveyron, il s’agit sans nul doute du vignoble le plus montagnard d’Occitanie. Les coteaux abrupts sur lesquels les vignes sont cultivées en terrasses rendent les terres difficiles à cultiver. Ces étroites parcelles, situées le long du Lot et adossées aux premiers contreforts du Massif Central et de l’Aubrac, jouissent d’une exposition au sud qui garantit une maturité optimale des raisins.

AOC Estaing (12)

Ici, entre l’Aubrac et la vallée du Lot, les vignes se réveillent tous les jours face aux cultures de Châtaigniers plantés versant Nord. Les terrasses de schistes et de calcaire sont le berceau d’une viticulture encore confidentielle et modeste. Pourtant, une quinzaine de viticulteurs travaille au quotidien ces pentes abruptes pour tirer le meilleur de ces vignes. Appellation résolument marquée par les influences du Massif Central, on y retrouve néanmoins la culture du Cabernet Franc qui donnera aux vins des profils encore marqués par le Sud-Ouest.

AOC Fronton (31)

Il y a fort longtemps, autour du XIIIème siècle, le vignoble de Fronton était la propriété des chevaliers de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. D’ailleurs, son cépage emblématique la Négrette aurait été ramenée de Chypre lors de l’une de leur croisade.
Si ce cépage est capricieux, il donne pourtant des vins structurés et très aromatiques qui font l’identité de l’appellation. Aujourd’hui, l’aire de production des vins de Fronton couvre 2400 ha situés sur la rive gauche du Tarn. Elle est composée de trois terroirs qui correspondent à trois anciennes terrasses du Tarn.

AOC Gaillac (81)

Un des plus anciens vignobles de France, l’appellation Gaillac couvre aujourd’hui 6800 ha dont 3150 sont cultivés en AOC. L’aire de production, faite de plaines et de coteaux, est divisée en six terroirs afin de garantir une identité unique à chacun des vins qui y sont produits. Foulés par les Romains, les barbares, les pèlerins et les moines, les terres de Gaillac sont riches d’une histoire qu’elles ont su conserver en ne cessant jamais de cultiver les cépages millénaires.

AOC Madiran (32 ; 65 ; 64)

Si les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle ont influencé la dynamique des vins du Sud-Ouest, c’est particulièrement vrai pour les vins du Madiran dont ils ont considérablement élevé la réputation dans le passé. Il était d’ailleurs surnommé « vin de curé ». Le vignoble, dont les origines remontent à l’époque gallo-romaine, produit des vins rouges puissants et charpentés. Ils sont si tanniques qu’ils doivent passer au moins 12 mois en cave avant de pouvoir être commercialisés. Principalement issus du Tannat, cépage emblématique de la région qui en produit plus de la moitié de la production mondiale, ces vins trouvent leur caractère dans les sols argilo-calcaires qui composent les 1200 ha de l’appellation.

AOC Marcillac (12)

Entre Rodez et Conques, sur les coteaux abrupts de la vallée de l’Ady, l’appellation Marcillac s’étend sur une surface de 185 ha. Grâce au vallon qui l’abrite, elle bénéficie d’un microclimat stable et équilibré, propice à l’élaboration de vins rouges à la fois tanniques et très aromatiques.
Elle est la plus importante appellation aveyronnaise et les terrasses sur lesquelles les vignes sont cultivées se trouvent sur les pentes les mieux exposées de la vallée.

AOC Pacherenc du Vic-Bilh (65 ; 32 ; 64)

L’appellation Pacherenc du Vic-Bilh partage ses terres avec l’appellation Madiran dont elle représente 300 ha de l’aire de production. Si les vins de Madiran sont rouges par définition, ici ne sont produits que des vins blancs, moelleux ou secs. Les seuls cépages du Petit et Gros Manseng ; Petit Courbu et Arrufiac y sont cultivés. Des vendanges tardives permettront à ces derniers d’être récoltés à sur maturité et de donner ainsi des vins doux, très aromatiques et vifs. Quant aux vins blancs secs – encore produits de manière assez confidentielle – ils seront marqués par des arômes de miel et d’agrumes.

AOC Saint-Sardos (82)

C’est avec la fondation de l’abbaye de Grand-Selve au XIIème siècle que les moines développent ici la culture de la vigne. Située à égale distance entre Montauban et Agen, dans la partie la plus orientale de la Gasconne, l’aire de production de l’appellation Saint-Sardos compte 150 ha.
Le relief vallonné sur lequel les vignes sont cultivées bénéficie d’une excellente exposition et permet la production de vin rouges réputés pour leurs arômes de réglisse et d’épices.
Ici et nulle part ailleurs les cépages de la Syrah et du Tannat sont associés dans des cuvées d’une grande originalité.

AOC Tursan (32 ; 40)

Dans le prolongement du Madiranais, l’appellation de Tursan se situe sur les cantons d’Aire-sur-Adour et de Geaune. Ancien vignoble d’Aliénor d’Aquitaine, il couvre aujourd’hui 450 ha nichés entre les contreforts des Pyrénées et la forêt des Landes où un microclimat assure aux vignes une maturité lente mais optimale. Jeune appellation d’origine contrôlé obtenue en 2011, les vins produits ici étaient déjà appréciés des empereurs romains qui ne manquaient pas d’en avoir sur leurs tables !

AOC Irouléguy (64)

Nichée dans les contreforts du Pays Basque, l'appellation Irouléguy est comme une perle rare. Ses vignes audacieusement plantées sur des pentes escarpées du piémont pyrénéens défient la gravité. Implantée par les moines, cette vigne a traversé les siècles, ne cessant jamais de transmettre la richesse de son terroir unique. Les sols schisteux et le climat océanique confèrent aux vins d'Irouléguy une singularité notable. Qu'ils soient rouges, profonds et épicés, ou blancs, floraux et minéraux, les vins d’Irouléguy captent l'essence même du Pays Basque, mêlant fierté, tradition et caractère. Une dégustation d'Irouléguy est une véritable invitation à un voyage sensoriel au cœur de la culture basque.