Le vin dans le cinéma

« Le vin et le cinéma », une grande histoire d’amour qui dure depuis de nombreuses années. D’ailleurs, il n’est pas rare de voir une bonne bouteille de vin à l’écran. Et c’est toujours avec subtilité que ce breuvage très apprécié, sait se glisser dans différentes œuvres cinématographiques ou encore dans des séries télévisées. Mais pourquoi la présence du vin est-elle si importante dans le cinéma ?

Un protagoniste qui joue le beau rôle

C’est à partir du 18ème siècle que le vin commence à faire son apparition, voire très souvent, au cinéma. On le retrouve, en effet, dans plus de la moitié des films et feuilletons télévisés. Parfois, sous la forme d’une bouteille trônant sur une table ou celle d’un verre, se retrouvant à la main de vos personnages préférés. On ne s’en rend pas toujours compte, mais le vin est omniprésent à l’écran.

Toutefois, ce n’est pas tout le monde qui a le privilège de consommer du vin au cinéma. Il s’agit d’un « symbole social » comme l’explique Olivier Bouthillier. Le statut du personnage est donc un élément très important. Un autre détail qui peut échapper aux spectateurs : le genre du film, est également pris en compte lors du choix du type de vin.

Bien qu’il ne détienne pas le rôle principal, le succès de certains scénarios repose pourtant sur ce figurant. Ce dernier joue par exemple sur l’ambiance ou encore, donne le ton aux rencontres. Dans tous les cas, le vin devient un acteur incontournable dans le 7e art.

Le vin comme meilleur moyen de placement de produits ?

De la comédie à la romance, en passant par l’action, le vin joue parfaitement son rôle dans les films ou les feuilletons. Il apparaît à une fréquence étonnamment élevée, et ce, même si l’œuvre en question ne traite pas sur le thème du vin. Mais la boisson n’est pas seulement là pour faire joli, elle est surtout une star insoupçonnée. Et cela, les cinéastes comme les producteurs de vins le savent bien. Alors, pourquoi tant d’engouement ? La réponse est simple. Depuis quelques années, le placement de produits de vin devient un élément majeur de la stratégie marketing de certains domaines et maisons. C’est ainsi que de nombreuses bouteilles sont glissées, pas toujours de manière discrète, dans des productions culte. Voici une liste, non exhaustive, de Grands Crus, représentant d’importants placements de produits de vin au cinéma :

·         Les vins dans James Bond : c’est connu, le vin est omniprésent dans les films James Bond. On voit fréquemment ce dernier en consommer entre deux missions. Le Dom Pérignon est l’un des champagnes qui accompagnent l’espion le plus longtemps, soit pendant 10 ans. Fan incontestable de vin, 007 déguste pas mal de cuvées au cours de ses aventures : Mouton Rothschild, Premier Cru de Bordeaux, Château Angélus, Champagne Bollinger, cuvée 007, Champagne Taittinger. En tout, ce sont 7 millésimes qui sont mis à l’honneur dans les films de James Bond ; 

·         Le Moët et Chandon dans « Gatsby Le Magnifique » : le film, sorti en 2013, se déroule dans les années 1920. Le personnage principal, interprété par Leonardo DiCaprio, est un écrivain qui déménage à New York et intrigue par les fêtes phénoménales qu’il organise. Il s’agit certainement de l’exemple par excellence de la démesure. Alors, pas question de mettre en avant n’importe quelle bouteille de vin. Les réalisateurs choisissent naturellement celle, issue de la prestigieuse maison, grâce à laquelle le champagne est connu dans le monde entier ;

·         Le Château Cheval Blanc dans « Ratatouille » : le vin n’apparaît pas seulement dans les films. On le voit aussi dans les dessins animés comme Ratatouille. Le film d’animation est produit par les studios américains Pixar et réalisé par Disney en 2007. Difficile de ne pas remarquer l’étiquette de la bouteille servie au grand critique gastronomique Anton Ego. Le Château Cheval Blanc, sur les conseils de celui-ci, accompagne le plat de ratatouille, qui fera par la suite, le succès du restaurant « Chez Gusteau » et de son petit chef Rémy ;

·         Le Clos du Val, la star hollywoodienne : la petite étiquette marron fait son apparition de nombreuses fois dans des séries américaines comme Desperate Housewives ou Sex and the City. Mais on retrouve également le vin dans des films tels Le Terminal ou encore Ma sorcière bien-aimée.

Le vin, cet incontournable acteur du cinéma français

Le vin est un symbole de partage et de convivialité. Est-ce pour cette raison que la boisson apparaît d’innombrables fois dans les productions françaises ? En tout cas, sa présence est vraiment importante dans les réalisations cinématographiques de l’hexagone. On parle d’une apparition toutes les vingt minutes. Le docteur Foued Cheriet, maître de conférences à Montpellier SupAgro, a une belle anecdote à raconter à ce sujet. Nous sommes en 2015 et en 2016. L’enseignant-chercheur visionne une quarantaine de films nommés au box-office français, en compagnie de ses confrères et de ses étudiants. Il s’agit d’œuvres réalisées entre les années 70 et 2014. Ces 90 heures de visionnage lui permettent de se rendre compte à quel point le vin tient une place vraiment à part dans le cinéma français. Il en déduit que 92 % des films contiennent au moins une scène où apparaît une bouteille ou un verre de vin. Soit une toutes les 20 minutes. Autrement dit, 5,2 fois pour chaque film. « La Môme » d’Olivier Dahan en 2007 en contient le plus, soit 23 scènes.

Impossible de passer à côté du film « L’Aile ou La Cuisse » de 1976, joué par l’illustre dramaturge Louis de Funès. Le Saint-Julien, Château Léoville Las Cases, est mentionné dans le film, à la grande surprise du directeur. Une bien agréable surprise d’ailleurs, sachant que tout comme le réalisateur, Claude Zidi, Louis de Funès est lui aussi un grand amateur de vin, et tout particulièrement de ce domaine.

De nombreux autres films français sont dédiés au vin : Tu seras mon fils de Gilles Legrand (2011), Premiers Crus de Jérôme Le Maire (2015), Saint Amour de Gustave Kervern et Benoît Delépine (2016), etc. De beaux films, idéals pour les amateurs de vins et à consommer sans modération.

Communication sur le vin : qu’en est-il de la législation ?

La loi Evin, instituée le 10 janvier 1991 par Claude Evin, est celle relative à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme. Accessoirement, celle-ci régit la communication sur le vin. Les professionnels du secteur viticole la connaissent très bien. Notamment par les nombreux changements apportés à la filière depuis sa promulgation. En outre, les publicités sont limitées en ce qui concerne les boissons alcoolisées, dont le vin justement.

Un assouplissement de la loi Evin est cependant voté en 2016. La communication et la publicité sur le vin sont autorisées, mais dans le respect de certaines règles. « L’incitation à la consommation » étant strictement interdite. Par exemple, la consommation d’un tel ou tel vin ne doit pas être perçue comme étant une pratique sociale ou conviviale. 

Difficile toutefois, pour les professionnels de la filière viticole de faire face à ce flou. D’autant que les sanctions pénales encourues sont lourdes, pouvant atteindre une amende de 75 000 à 375 000 euros.