Les vendanges 2022 ont-elles été un succès ?

Point d'orgue de la saison viticole, les vendanges constituent une étape cruciale dans la production du vin. Elles marquent la fin du cycle végétatif de la vigne et le début du travail au chai, la vinification. Concrètement, les vendanges démarrent quand le vigneron juge que son raisin a atteint un niveau de maturité optimal tout en affichant le meilleur équilibre sucre / acidité. Si les dates des vendanges se décident en fonction du style de vin recherché, elles tiennent également compte des conditions météorologiques de l'année qui, chaque millésime, réservent leur lot de surprises. Et quelles conditions climatiques. Bien que moins catastrophiques qu'en 2021, les aléas climatiques de 2022 n'ont en effet pas épargné les vignobles de France. Gel tardif, grêle, sécheresse… ce n'était pas gagné pour vendanger un joli millésime. Avec un mois de juillet le plus sec enregistré depuis 1959, le pire était à craindre pour la vigne. Sur de tels épisodes de stress hydrique prolongés, les baies risquent en effet de peiner à atteindre leur maturité, provoquant une baisse de la quantité de jus mais aussi un déséquilibre acidité - sucre.

La nature fait bien les choses

Même dans les vignobles chauds du sud de la France, la vigne semble avoir tiré profit de la chaleur exceptionnelle de l'année en puisant dans ses réserves. Le manque de précipitations, en revanche, a eu un impact sur la taille des baies, plus petites que les millésimes précédents. Bonne nouvelle cependant, ces dernières étaient beaucoup plus nombreuses qu’en 2021, grâce à un excellent état sanitaire. Remercions la chaleur, qui a permis d'inhiber les maladies de la vigne, notamment les maladies cryptogamiques liées aux champignons.

Un bilan positif

Si le pire était à craindre, l'ensemble des vignes semble avoir particulièrement bien réagi aux épisodes successifs de sécheresse et, quasiment partout en France, les récoltes affichent de meilleurs résultats qu'en 2021, que ce soit en termes de volumes comme en termes de qualité. Avec une production en hausse de 18% par rapport au millésime précédent, les vendanges promettent déjà de jolis jus, dont la remarquable concentration laisse entrevoir l'élaboration de grands vins.

Région par région

Le bassin viticole d'Alsace :

Les vignerons alsaciens enregistrent une belle récolte. Les pluies aoutiennes ont permis de limiter les dégâts de la sécheresse. Malgré une diminution de l'acidité, les jus promettent une belle expression aromatique. La sécheresse a par ailleurs permis aux vignerons de conserver des baies en parfait état sanitaire, propices à la production de vendanges tardives qui, l'an passé, étaient aux abonnés absents suite à une météo désastreuse.

Le bassin viticole de Bordeaux :

Les quantités sont plus faibles qu'en 2021 mais la qualité est bien au rendez-vous pour les vins de Bordeaux. Le gel tardif n'a finalement eu que peu d'impact sur le bassin de production, qui n'a pas plus souffert de la sécheresse, compensée pas des pluies salvatrices en août. Si la grêle du mois de juin, qui a détruit environ 10% du vignoble bordelais, pèse forcément sur le volume de production du millésime 2022, celui-ci promet des vins concentrés avec une belle charge tannique, propice à l'élaboration de grands vins.

Le bassin viticole de Bourgogne : 

En Bourgogne, comme en Alsace, la quantité est enfin au rendez-vous et la qualité aussi. Malgré un millésime difficile, marqué par le gel et la sécheresse, les vignes septentrionales ont produit des baies qui sont restées dans un excellent état sanitaire jusqu'aux vendanges et qui devraient produire de superbes jus conjuguant puissance et fraicheur. Providentiel, le millésime 2022 produira de grands Bourgogne.

Le bassin viticole de Champagne : 

S'il y a bien un vignoble qui tire son épingle du jeu, c'est la Champagne. Avec un volume de récolte en hausse de près de 5 millions d'hectolitres par rapport à 2021 et une remarquable qualité des raisins, 2022 aura été une belle année pour les vignerons de la région. Après un millésime 2021 historiquement pluvieux, le bel ensoleillement en 2022 a permis aux baies de produire des jus exceptionnels, propices à l'élaboration de Champagnes millésimés. 

Le bassin viticole de Charente et du Cognac : 

Particulièrement impacté par la grêle de juin, les vignobles de Charente et du Cognac ont enregistré une perte d'environ 15% de leur surface. En revanche le reste de la saison estivale a permis le bon développement des cépages blancs, notamment utilisés dans la production de Cognac. La sécheresse, qui a eu le mérite de préserver l'état sanitaire des baies, n'a pas impacté l'équilibre des jus dont les premières dégustations laissent présager d'une belle fraicheur des vins et d'une jolie qualité des premières eaux-de-vie, très aromatiques, fruitées et florales.

Le bassin viticole de la Corse  :

Sur l'île de beauté, les vendanges 2022 ne sont pas très quantitatives mais les jus sont très beaux et devraient là encore produire de grands crus. Notons toutefois une hétérogénéité des récoltes entre la côte orientale, qui est irriguée, et la côte occidentale, qui ne l'est pas. Dans l'ensemble cependant, les maturités ont été atteintes grâce à la culture de cépages adaptés au réchauffement climatique.

Le bassin viticole du Languedoc-Roussillon :

Précipitées dès la fin juin en raison d'une soudaine accélération des maturités, les vendanges 2022 en Languedoc-Roussillon ont été historiquement précoces. Cela étant dit, de part et d'autre du bassin, le volume des récoltes est assez disparate, même s'il est globalement plus élevé qu'en 2021. La vigne n'a pas tellement souffert de la sécheresse et a permis de produire une quantité honorable de jus, dont il se murmure déjà qu'ils produiront des vins exceptionnels.

Le bassin viticole de la Loire : 

Grâce aux pluies de septembre qui ont permis aux vignes de respirer après un été historiquement sec et chaud, les vignes de la Loire ont produit des baies saines, de belle qualité et affichant des maturités optimales. Côté rendement, l'ensemble des vignerons du bassin de production enregistrent de belles récoltes, dans la moyenne décennale. Les raisins sont juteux et devraient produire de jolis crus.

Le bassin viticole de Provence : 

En Provence, où les vendanges ont démarré très tôt, la qualité est également au rendez-vous. Les nuits plus fraîches du début du mois d'août ont permis aux maturités de retrouver leur équilibre et les pluies qui ont suivi ont permis aux baies de gagner en volume et donc en jus. Les grappes vendangées étaient belles et bien mûres, laissant présager la production de vins à fort potentiel de garde.

Le bassin viticole de la Vallée du Rhône : 

Précoces pour les uns, tardives pour les autres, les vendanges dans la Vallée du Rhône ne se sont pas déroulées de la même manière d'une zone de production à une autre. Du nord au sud, en revanche, le même constat réjouissant : la qualité est au rendez-vous. C'est notamment le cas du vignoble du Beaujolais qui, malgré une baisse de 20% de sa récolte, a produit des jus charnus et expressifs. Plus au sud, sur les côteaux vallonnés de la Drôme, les vignerons s'accordent déjà à dire que le millésime 2022 pourrait bien être le millésime du siècle avec peu de jus mais des jus amples et structurés, capables de produire de grands vins de garde.

Le bassin viticole du Sud-Ouest : 

Avec près d'une demi-récolte en moins dans certains vignobles du Sud-Ouest, les vignerons du bassin de production accusent le coup. Le gel tardif et la grêle n'ont rien arrangé à la sécheresse qui a mis à rude épreuve le développement optimal des raisins, dont le jus est certes délicieux mais très faible en termes de quantité. Comme à Bordeaux, le millésime 2022 s'annonce prometteurs dans l'élaboration de grands vins rouges, solaires et concentrés.

Ce qu’il faut en retenir

Globalement, les vendanges 2022 sont un succès, particulièrement d’un point de vue qualitatif. Dans l’ensemble des régions, les vignerons se réjouissent de pouvoir travailler sur de très jolis jus dont il leur appartient désormais de produire la plus belle expression.