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Quelle est la place des femmes dans le monde du vin ?

Publié le 20/01/2023 par Camille

Longtemps associé aux hommes, le monde du vin a pourtant toujours pu compter sur le travail féminin. Doucement mais surement, les femmes se sont fait une place dans tous les métiers de la filière. Négociantes, œnologues, sommelières, vigneronnes… les femmes ont investi et féminisé des professions jusque-là réservées aux hommes et se sont imposées par leur savoir-faire. Si personne ne peut désormais contester leur place dans la filière viticole, connait-on vraiment la place qu’elles y occupent aujourd’hui ? Gaspard fait le point pour vous.

5000 ans de paradoxes

En Egypte antique, fresques à l'appui, les femmes participaient déjà à la récolte du raisin. Nous sommes en - 3000 avant J. C. et la viticulture est apparue trois millénaires plus tôt, en Mésopotamie. 

Au même moment, à Babylone, la déesse Siduri Sabitou ("celle qui verse à boire") initie Gilgamesh à la dégustation du vin. Les femmes consomment librement du vin. L'ivresse, même féminine, n'a rien de tabou.

En Mésopotamie, les femmes assurent le service des boissons. En Grèce et à Rome, elles sont considérées comme débauchées pour exercer une telle activité. A Athènes, où elles n'ont même pas le statut de citoyenne, le rôle de la femme se limite à servir le vin sans y toucher. La consommation féminine, qui n'est pas vue d'un bon œil, se fait à l'abri des regards.

Il faudra attendre le Moyen-Age pour voir cette consommation se démocratiser. Les vignobles gagnent du terrain et couvrent désormais une superficie bien plus vaste qu'aujourd'hui. Le vin est considéré comme une boisson nutritive que l'on coupe généralement avec de l'eau. 

Dans les monastères de moniales où elles vivent en autarcie, les sœurs travaillent la vigne et assurent la commercialisation du vin mais ne le vinifient pas. Certaines nones, de fait, ont joué un rôle majeur dans la réputation de certains vins, à l'instar des sœurs Hospitalières des Hospices de Beaune.

A l'aube du XIXème, la morale bourgeoise met fin à cette "déchéance civique" en érigeant un code de conduite très strict qui stipule qu'une femme honorable ne doit pas boire de vin.

Au même moment, dans les petits domaines comme dans de grandes maisons de négoce, les femmes se mettent à prendre la succession de leurs défunts maris. A Clicquot, en Champagne, Barbe Nicole Ponsardin imagine la première table de remuage. A Pommery, Louise Pommery crée le premier Champagne brut et fait du domaine un précurseur en la matière.

Malgré ces exemples de réussite, le travail des femmes s'est longtemps limité au travail dans les vignes, notamment à la récolte des raisins et au ramassage des sarments. Jusqu'au milieu du XXème siècle, il n'est pas rare d'entendre les médecin déconseiller aux femmes de boire du vin.

La révolution féminine est en marche

Depuis une vingtaine d'années, pourtant, les choses évoluent. Dans les métiers de la sommellerie, jusque-là très fermés aux femmes, les regards changent aussi et permettent à la filière de s'ouvrir à la féminisation. Dans les exploitations viticoles, où elles n'ont jamais cessé de travailler, les femmes sortent de l'ombre. Si leur travail se limitait aux tâches administratives et commerciales depuis la fin du XIXème siècle, il n'est désormais plus rare de les voir dans la vigne ou dans le chai, sur la partie production du domaine. Partout en France, la vigne se conjugue au féminin. Un sillon qui s’affirme et se renforce chaque année. Les vigneronnes ont apporté leur pierre à l’édifice d’une viticulture flamboyante, généreuse et ambitieuse où l'on déguste sans modération leur implication, leur attachement et leur envie.

Les femmes n'ont pas dit leur dernier mot

Si un long chemin a été parcouru par les femmes pour revendiquer leur présence dans la filière viticole, il reste encore du chemin à faire.

Parce qu'elles ne se sentent pas entendues par les institutions viticoles où les hommes occupent une grande majorité des sièges, les femmes s'organisent et se fédèrent au sein de réseaux d'entraide qui, depuis la fin des années 90, fleurissent un peu partout en France sous forme d'associations.

Le premier collectif français de femmes vigneronnes voit le jour en 1994, à Bordeaux. Les Aliénor du vin de Bordeaux regroupe les femmes qui travaillent dans le cru bordelais. Dans cette lignée, d'autres groupes féminins se multiplient un peu partout sur le territoire, avec un ancrage local qui permet aux femmes vigneronnes d'unir leurs voix dans les syndicats et comités interprofessionnels où elles sont encore très peu représentées et peu considérées face aux hommes.

Qu'elles s'appellent Vinifilles en Occitanie; DiVINes en Alsace; Les Eléonores en Provence ou encore Les Etoiles en Beaujolais, elles ont toutes une chose en commun : une solidarité sans faille pour espérer avancer un jour "tout contre" les hommes et pas "contre" les hommes. 

Ces femmes qui ont marqué le vin d'hier et font celui de demain

Si les femmes sont désormais à la tête d'un domaine viticole sur trois en France, certaines d'entre elles se sont distinguées, par le passé, et ont incontestablement marqué un tournant dans la place accordée aux femmes dans le monde du vin.

Dans le Languedoc, France Grill s'est imposée dès les années 70 comme une vigneronne talentueuse au Château de l'Engarran, brillamment repris depuis par sa fille, Diane Losfelt. On lui doit l'ambition d'avoir fait de l'exploitation viticole familiale une exploitation pionnière dans la vente de vin en bouteille en Languedoc. 

Dans le Médoc, la baronne Philippine de Rothschild a su s'imposer, dès les années 90, à la tête du célèbre Château Mouton Rothschild qu'elle a admirablement dirigé durant près de 30 ans.

Nous évoquions tout à l'heure les Hospices de Beaune, dont la gérance est aujourd'hui incarnée par Ludivine Griveau, première femme régisseuse de ce domaine viticole iconique.

Parmi ces femmes qui font le vin de demain, citons par ailleurs Caroline Frey, figure emblématique et influente du monde du vin, à la tête de trois domaines viticoles. Ou encore Miren de Lorgeril, première femme présidente du Conseil Interprofessionnel des Vins du Languedoc (CIVL) mais avant tout vigneronne talentueuse de la Maison Lorgeril, qu'elle a hissée au rang de "haute couture du Languedoc".

Enfin, comment parler du vin de demain sans évoquer Pascaline Lepeltier, tenante des titres de Meilleure Sommelière de France, de Meilleure Ouvrière de France dans la catégorie sommellerie et en lice pour la finale du concours du Meilleur Sommelier du Monde qui se déroulera cette année en France. Véritables modèles de réussite dans le monde du vin, toutes ces femmes participent activement à la féminisation d'un secteur dans lequel elles se sont de tout temps distinguées par leur ambition mais pour laquelle elles sont enfin reconnues aujourd'hui.

Une chose est sûre, le vin n'est plus une affaire d'hommes et, dans tous les métiers du vin, les femmes se font enfin la place qu'elles méritent.

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