Tour des vignobles d'île de France

Tout le monde connaît les célèbres vignes de Montmartre, qui, malgré leur production confidentielle, attirent chaque année des centaines de milliers de visiteurs pour leur incontournable fête des vendanges.

Mais saviez-vous qu'il existe bien d'autres vignobles en Ile-de-France ? A Suresnes, à Versailles ou encore à Villepinte, les vignes franciliennes regagnent du terrain après avoir presque totalement disparu. Car, si l'on ne se souvient pas que la région abritait plus de 50 000 hectares au XVIIIème siècle, l'Ile-de-France était pourtant le plus grand vignoble de France, bien plus grand encore que celui de la Bourgogne aujourd'hui, qui recense pourtant 30 000 hectares !

A l'aube du XIXème siècle, la concurrence des vins du sud dont l'acheminement est favorisé par le chemin de fer, l'industrialisation puis le phylloxéra anéantissent les vignobles les uns après les autres, reléguant les vignes franciliennes au rayon des souvenirs.

Aujourd'hui, pourtant, si les vignobles d'Ile-de-France sont encore à l'état de témoignage, ils connaissent un renouveau depuis le début des années 2000, grâce à la mobilisation d'une poignée de vignerons et vigneronnes, déterminé.e.s à faire renaitre la culture du raisin dans le bassin parisien.

Au terme d'une longue bataille pour obtenir le droit de (re)planter des vignes, ces passionnés ont enfin permis à ces dernières de regagner leur droit de cité. Mieux encore, ils ont offert aux plaines et aux coteaux viticoles franciliens l'indication géographique protégée ''IGP Ile-de-France'', décrochée en 2020.

Si le chemin sera sans doute encore long pour redonner au bassin francilien une vraie dénomination de bassin viticole, il n'empêche que de plus en plus de domaines voient le jour aux quatre coins de la région.

Gaspard vous amène faire un tour des vignobles d'Ile-de-France.

A Paris

Si les vignes de la capitale ont quasiment toutes disparu, il existe encore quelques micro-vignobles dans Paris. Gaspard vous liste les 5 vignobles emblématiques de la ville.

Clos Montmartre - Paris - 18ème

En plein cœur de Paris, 2000 pieds de vignes balayent la célèbre butte Montmartre. Parce que l'origine de la culture de la vigne remonte ici au XIIème siècle, lorsque les bénédictines de l'Abbaye de Montmartre y plantèrent les premiers ceps, il s'agit du plus ancien vignoble de Paris. S'il fût un temps où la colline était presque entièrement couverte de vignes, l'annexion de Montmartre à Paris à la fin du XIXème siècle et la construction d'habitations qui en a découlé a mis à mal le vignoble local. C'est précisément pour lutter contre cette expansion immobilière et pour préserver le site qu'en 1933, ce désormais vignoble de 2000 pieds de vignes, a été planté, donnant naissance au ''Clos Montmartre'' que l'on connait aujourd'hui. Chaque année depuis 1934, une grande fête des vendanges est organisée autour de ces vignes qui produisent moins de 1000 bouteilles et dont la vinification est effectuée dans les caves de la mairie du 18ème arrondissement. Commercialisées par le Comité des Fêtes pendant toute la durée de la fête des vendanges, les cuvées du Clos Montmartre sont en vente toute l'année au Musée de Montmartre, situé au 12 rue Cortot, dans le 18ème arrondissement de Paris. 

Les vignes de Belleville - Paris - 20ème

Jadis connus sous le nom de Savies, les vignobles de Belleville existent depuis l'époque Carolingienne. Au XIIIe siècle, les moines de la Ferme de Savies exploitaient en effet 15 hectares de vignes en lieu et place de ce qui est aujourd'hui le parc de Belleville. Ils produisaient la « fameuse » Piquette, un vin jeune et pétillant et le Guinguet, lequel donna son nom aux célèbres guinguettes. La culture du vin s'est poursuivie à Belleville jusqu'à la Révolution, mais les cultivateurs ont remplacé les vignes par des champs de fleurs au début du XIXe siècle. Si bien qu'en 1860, la vigne avait complètement disparu de Belleville, jusqu'à ce qu'elle soit réintroduite en 1992. Aujourd'hui, 140 pieds de vignes y occupent une surface de 250 m², produisant moins de 100 bouteilles de Guinguet, un vin rosé qui ne peut être vendu mais qui peut être goûté durant la fête du printemps organisée chaque année par la mairie du 20ème arrondissement.

Les vignes du parc de Bercy - Paris - 12ème

Plantée en 1996 par la ville de Paris, 660 m² de vignes balayent aujourd'hui le parc de Bercy, où elles produisent environ 250 litres de vin par an. Sauvignon et Chardonnay composent essentiellement ce vignoble qui appartient à la ville de Paris. S'il n'est pas commercialisé, "Le Joyeux Bercy", le vin blanc issu de cette production, est disponible à la dégustation organisée tous les ans en octobre, durant la fête de la vigne et du raisin.

Les vignes du parc Georges Brassens - Paris - 15ème

Jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, les vignes du Clos des Morillons, ainsi nommées par les moines qui, jadis, en avaient introduit la culture, occupaient tous les coteaux situés au sud des Hauts de Vaugirard. Si elles ont peu à peu été remplacées par des cultures maraîchères, elles ont été réintroduites au début des années 1980, en même temps que la création du parc Georges Brassens, afin de rendre hommage au passé viticole de ce quartier. 1200 m² leurs sont ainsi dédiés, produisant entre 200 et 300 bouteilles qui sont traditionnellement vendues aux enchères.

Les vignes de la butte Bergeyre - Paris - 19ème

Confidentielles, les vignes de la butte Bergeyre s'épanouissent à 100 mètres d'altitude, dans un jardin inaccessible au public car trop abrupt. Bichonnée par les agents de la mairie du 19ème arrondissement depuis leur plantation en 1995, elles produisent moins d'une centaine de litres de vin rosé, qu'il est uniquement possible de déguster lors de la fête des jardins qui se déroule chaque année fin septembre.

En-dehors de la capitale

Si la production de vin francilien est encore embryonnaire, la vigne gagne du terrain en Ile-de-France. Un développement notamment favorisé par l'obtention de l'IGP Ile-de-France en 2020, lequel permet à l'ensemble des 380 communes de la région de produire des vins sous ce rigoureux cahier des charges. Gaspard dresse une liste, non exhaustive, des communes où la production viticole profite de cette belle renaissance.

A Suresnes

En Ile-de-France, le vignoble de Suresnes est aujourd'hui le plus grand de la région. C'est dire à quel point les autres sont petits, quand on sait que le vignoble Suresnois, appelé "Clos du Pas-Saint-Maurice", ne représente qu'1 hectare ! Il n'empêche que la récolte moyenne, qui permet de produire environ 4 500 bouteilles par an, en fait effectivement le plus grand vignoble francilien. Les cuvées, déclinées dans les trois couleurs, sont à retrouver à l'Office de Tourisme de Suresnes.

A Argenteuil

Si la culture de la vigne à Argenteuil remonte à l'Antiquité, le phylloxéra et les guerres successives ont asséné un coup fatal à la production viticole de cette ville qui fût pourtant jadis la première commune viticole de France en termes de rendements à l'hectare.

Réintroduite en 1996 par la ville, la vigne d'Argenteuil bénéficie aujourd'hui des bons soins des jardiniers de la commune et produit un vin rouge 100% pinot noir et un vin blanc 100% chardonnay. Primée l'an dernier par Cocorico, le "comité de coordination région Ile-de-France des confréries", la cuvée Pinot noir avait reçu la médaille d'or du vin rouge millésime 2020. Une belle récompense pour ces vignes patrimoniales.

A Villepinte

En Seine-Saint-Denis, c'est au cœur de parc du Sausset, deuxième espace vert le plus vaste du département, que sont cultivés quelques 2000 pieds de vignes, sur environ 3000 mètres carrés. A visée culturelle et pédagogique, ces dernières sont bichonnées aussi bien par des professionnels que par des écoliers et des étudiants qui, toute l'année, font en sorte que ces chardonnays et ces pinots noirs s'épanouissent de manière optimale pour donner des vins qui ne sont pas commercialisés, certes, mais qui peuvent être dégustés durant la traditionnelle fête de la vigne et des saveurs qui se tient tous les ans au mois d'octobre.

A Versailles

Dans la plaine de Versailles, à moins de 30 minutes de Paris, le Domaine La Bouche du Roi est le tout premier vignoble professionnel à avoir vu le jour en Ile-de-France, voilà tout juste 6 ans. A l'origine de ce projet, les créateurs du chai urbain ''Winerie Parisienne'', Adrien Pélissié, Julien Bengué et Julien Brustis, appuyés par les organes politiques locaux que sont le Conseil Départemental des Yvelines, la chambre d'agriculture et la Safer. 

Une belle initiative destinée à refaire vivre la viticulture dans un département où le vin coulait jadis à flots.

Si l'endroit est pédagogiquement très riche parce qu'il accueille des visiteurs toute l'année auxquels est proposé un superbe parcours oenotouristique, c'est aussi et avant tout un vignoble de 26 hectares d'un seul tenant, sur lequel s'épanouissent une douzaine de cépages, dont certains sont anciens. Le domaine, qui vient de s'équiper d'un superbe outil de vinification, élabore désormais des vins rouges et des vins blancs qui, dans la presse, remportent d'ores et déjà un franc succès.