Château Haut-Brion, un Grand Vin de l’appellation Pessac-Léognan

Joyaux de la viticulture française, le Château Haut-Brion est l'un des plus anciens et des plus prestigieux domaines viticoles de Bordeaux. Situé dans la commune de Pessac, à quelques kilomètres au sud-ouest de la ville de Bordeaux, il bénéficie d'un terroir exceptionnel et produit certains des vins les plus recherchés au monde. Si le nom "Haut-Brion" vous évoque forcément quelque chose, connaissez-vous les détails de son Histoire et de son évolution jusqu'à nos jours ? Gaspard pousse les portes de ce Premier Grand Cru Classé de Bordeaux.

Les terres de "Haut-Brion" : une histoire vieille de plus de 2000 ans

Convoitées depuis le troisième siècle avant J. C., les terres de Haut-Brion ont d'abord fait le bonheur des Bituriges Vivisques, la première tribu celte à s’être installée en terres aquitaines et à avoir fondée, non loin de là, Burdigala, aujourd'hui connue sous le nom de Bordeaux.

Briga, tel qu’ils avaient nommé « Haut-Brion », renvoyait étymologiquement aux notions de mont, ou de hauteur, pour souligner la colline sur laquelle se situe l’endroit.

Un endroit dont on a la certitude depuis peu de temps que la vigne y est cultivée depuis le 1^er siècle après J. C., en témoigne la découverte d’une pièce à l’effigie de l’empereur romain Claude sur une des coupes de graves du vignoble.

Or, parce que l’on sait que les romains, en envahissant la Gaulle au 1^er siècle après J. C., ont introduit la vigne et en ont enseigné l’art de la viticulture aux Bituriges Vivisques, la découverte d’une telle pièce dans le vignoble de Haut-Brion corrobore ce qui n’était jusque-là que l’hypothèse d’un passé viticole millénaire en ce lieu.

A cette découverte majeure dans l'Histoire du Château Haut-Brion, il y a aussi celle d'une trace manuscrite datant de 1521, laquelle fait mention de la production de vin du cru Aubrion ou Haulbrion.

La dynastie des Pontac

L'Histoire du Château Haut-Brion prend un autre tournant en 1533, lorsque Jean de Pontac acquiert la maison noble en lieu et place de ce qui deviendra quelques années plus tard la magnifique bâtisse que nous connaissons aujourd'hui, ainsi qu'une partie des terres de la propriété, apportée par la dot de son union avec Jeanne de Bellon. 

Durant les années qui suivent, Jean de Pontac n'aura de cesse d'entretenir le vignoble et d'agrandir la propriété. Attentif à son terroir, il est déjà conscient qu'il doit réserver les superbes sols de graves à la culture de la vigne qui s'y épanouit remarquablement. Aussi, en 1549, lorsqu'il décide de faire construire le château actuel, il en détermine l'emplacement sur la zone de sable située au pied de la croupe de graves qui forme le mont Haut-Brion, pour ne rien perdre du formidable terroir qui produit et produira des vins d'une rare qualité.

Au décès de ce premier propriétaire emblématique du vignoble Haut-Brion, la propriété revient dans un premier temps à son fils, Arnaud II de Pontac, puis à son neveu, Geoffroy de de Pontac.

Au milieu du XVIIème siècle, en la personne d'Arnaud III de Pontac, le Château Haut-Brion connait de grandes heures de gloire. L'homme, connu pour être un grand humaniste, accède rapidement au poste de premier président du Parlement de Bordeaux et donne ainsi un sacré coup de projecteur à la propriété viticole.

Outre-Manche, il fait aussi l'incroyable pari d'ouvrir une taverne en plein centre de Londres pour y vendre sa production. Grâce à lui, les britanniques se mettent à vouloir acheter les vins d'une propriété spécifique et plus seulement un Pessac ou un Médoc. Cela bouleversera considérablement le marché des vins, en poussant les propriétés viticoles du bordelais à se démarquer par la qualité de leurs vins et par une solide réputation. Parce que d'autres domaines comme Château Margaux, Château Latour et Château Lafite emboîtent le pas à Haut-Brion et atteignent eux aussi une telle réputation que les prix de leurs vins dépassent largement ceux des autres vins de Bordeaux, toutes ces propriétés finissent par créer leur propre catégorie commerciale : les premiers crus.

Sans le savoir, Arnaud III de Pontac dessine les premiers contours du classement des crus classés de 1855...

Une réputation jamais essoufflée

Si la dynastie des Pontac prend fin au XVIIIème siècle, le Château Haut-Brion connaît un nouveau propriétaire en la personne de Joseph de Fumel, qui acquiert le domaine en 1749.

S'il consacre les années qui suivent à agrandir et embellir le bâtiment et ses dépendances, il marque lui aussi un important chapitre dans l'Histoire de Haut-Brion en recevant, en 1787, le futur président des Etats-Unis Thomas Jefferson. De cette visite, l'américain repartira conquis, achetant au passage un important lot de vins de la propriété et écrivant à son beau-frère qu'il s'agit du "meilleur vin de Bordeaux".

XIXème siècle : l'"empire" Haut-Brion

En 1801, soit trois ans seulement avant le début de l'Empire napoléonien, le Château Haut-Brion appartient à Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, qui occupe à ce moment-là le poste de ministre des relations extérieures de Napoléon Bonaparte.

Un poste qui permet à l'homme de placer ses vins sur les tables des plus grands politiques français de l'époque. 

1855 : la consécration

Sans surprise, lors du classement de 1855 des vins de Bordeaux, le Château Haut-Brion rejoint le cercle très fermé des grands crus classés de Bordeaux avec une double consécration : 

• Il est le seul domaine de la région de Pessac à entrer dans le classement qui ne comporte que des vins du Médoc et de Sauternes ;

• Il accède à la catégorie la plus élevée du classement, celle des premiers crus classés.

Entre les mains de Joseph Eugène Larrieu, Château Haut-Brion poursuit sa quête vers l'exceptionnel et, même face à l'oïdium qui en détruit une partie du vignoble dans les années 1860, se relève plus fort que jamais grâce à son fils Amédée Larrieu, qui sauve ce qu'il peut des vignes malades et modernise remarquablement les chais.

Haut-Brion à l'épreuve du phylloxéra

S'il a pu se relever de l'oïdium sans trop de dommages, le vignoble du Château Haut-Brion est ravagé par le phylloxéra qui, dans les années 70, détruit tous les vignobles de France et d'Europe.

Mais, comme son père avant lui, Eugène Larrieu déploie toute son énergie à sauver le vignoble et replante tout ce qui est détruit.

Le XXème siècle

Si plusieurs propriétaires se succèdent entre temps, l’Histoire de Château Haut-Brion connaît un nouveau tournant majeur lorsqu'en 1923, il est l'un des premiers domaines de Bordeaux à commercialiser son vin en bouteille.

Une dizaine d'années plus tard, en 1935 exactement, la famille Dillon devient propriétaire du domaine après que Clarence Dillon, un éminent banquier new-yorkais, ait visité la propriété et en soit tombé sous le charme.

En 1953, le classement des vins de Graves consacre lui aussi le Château Haut-Brion en lui permettant de figurer, une fois n'est pas coutume, au rang de cru classé de Graves.

Trente ans plus tard, en 1983, la propriété annexe les domaines de La Mission Haut-Brion, de Laville Haut-Brillon et de La Tour Haut-Brion, lui permettant d'étendre un peu plus sa surface sur les superbes terroirs de graves.

Depuis, Château Haut-Brion est resté dans la famille Dillon, dont la quatrième génération - incarnée par le Prince Robert de Luxembourg - a pris la relève en 2012.

Le vignoble de Château Haut-Brion

Si les vins du Château Haut-Brion sont si exceptionnels et se démarquent depuis si longtemps, c'est parce que le terroir, ici, a quelque chose de magique.

Reposant sur un sol de graves composées d'un sous-sol argileux, sableux et calcaire, les vignes s'enracinent profondément pour puiser les ressources nécessaires à sa croissance. 

Parce que le vignoble est cultivé en pente, les vignes bénéficient d'un excellent drainage ainsi que d'une exposition idéale, permettant aux raisins d'atteindre une maturité optimale.

Les vins du Château Haut-Brion

Quasiment exclusivement dédié à la production de vin rouge, le vignoble abrite une majorité de merlot, de cabernet sauvignon, de cabernet franc et de petit verdot.
3 hectares sont également dédiés à la production de blanc, pour lesquels sont cultivés du sémillon, du sauvignon blanc et du sauvignon gris.

Au total, le vignoble du Château Haut-Brion occupe une surface d’une cinquantaine d’hectares, à partir desquels sont produit deux vins rouges et deux vins blancs.

Château Haut-Brion - Premier Grand Cru Classé - AOC Pessac-Léognan

Le premier cru classé, qui a fait et continue de faire la réputation du domaine à travers le monde entier, est un vin qui se distingue pour son élégance et sa complexité. Marqué par la minéralité que lui confère son terroir, il se distingue particulièrement, et ce depuis des siècles, pour son exceptionnelle capacité de vieillissement au cours duquel il gagne un bouquet inimitable, marqué par des notes empyreumatiques.

Château Haut-Brion - Le Clarence de Haut-Brion - AOC Pessac-Léognan

Second vin du Château Haut-Brion, la cuvée Le Clarence est une superbe entrée en matière pour découvrir les vins rouges du domaine. 

Château Haut-Brion blanc - AOC Pessac-Léognan

Presque autant iconique que son vin rouge, le vin blanc du Château Haut-Brion se distingue par sa capacité à conjuguer fraicheur, tension et puissance aromatique. A la fois exubérante grâce au sauvignon et ciselée grâce au sémillon, la cuvée s'impose comme un des grands vins blancs de Pessac et plus largement de Bordeaux.

Château Haut-Brion - La Clarté - AOC Pessac-Léognan

Mariage des vignobles de Château Haut-Brion et de La Mission Haut-Brion, la cuvée La Clarté est un vin blanc à la fois tonique et charnu. Marqué par des arômes d'agrumes et notamment de citron, il offre une remarquable longueur portée par des notes de fleurs blanches.