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Journée mondiale du nettoyage : comment la filière vin participe-t-elle à l'effort collectif ?

Publié le 14/09/2023 par Camille

Le samedi 16 septembre 2023, le monde se mobilisera pour la journée mondiale du nettoyage de la planète. Si cet événement vise à sensibiliser à la pollution et à l'impact de nos déchets sur l'environnement, il est essentiel de souligner les initiatives qui se multiplient toute l'année dans des secteurs aussi variés que le vin. Comment les exploitations viticoles s'impliquent-elles dans la protection de notre planète ? Gaspard fait le point pour vous.

Qu'est-ce que la Journée mondiale du nettoyage de la planète ou « World Cleanup Day »

Avant de faire le point sur les différentes initiatives « éco-responsables » prises au sein de la filière viti-vinicole, Gaspard fait un point sur l'origine et la portée de la Journée mondiale du nettoyage de la planète, également connu sous le nom de « World Cleanup Day ».
Née en Estonie en 2008, cette initiative a débuté lorsqu'un groupe de personnes, consterné par la quantité de déchets dans leur environnement, a décidé d'agir. En moins de cinq heures, plus de 50 000 bénévoles ont nettoyé la totalité des déchets illégalement déposés à travers le pays. Ce qui avait commencé comme une action locale est rapidement devenu un mouvement mondial. Aujourd'hui, le « World Cleanup Day » rassemble des millions de personnes dans plus de 150 pays chaque année, toutes unies par un objectif commun : nettoyer notre planète. Cette journée n'est pas seulement axée sur le nettoyage, mais vise également à sensibiliser aux problèmes des déchets, à promouvoir une gestion responsable des déchets et à changer les comportements face à la consommation.
Face à ces mobilisations globales pour une planète plus propre, on pourrait être tenté de penser que la filière viticole, étroitement liée à l'environnement et la culture du terroir, ne contribue guère à la pollution. Cependant, les chiffres racontent une histoire différente.
Sur la seule année 2021, le secteur des vins, spiritueux et bières a généré à lui seul 1,9 million de tonnes d’emballages, et principalement de bouteilles de verre. Ces emballages ont constitué 35 % des déchets ménagers collectés nationalement.
Heureusement, avec un admirable taux de recyclage de 88%, la filière a pu équilibrer une partie de son empreinte carbone, évitant ainsi l'émission de 2,2 millions de tonnes de CO2, soit l'équivalent de l'émission carbone d'1 million de voitures de nos routes.

Une donnée satisfaisante, certes, mais dont la filière vin ne se contente pas. Nous verrons en effet dans ce billet que, de la culture de la vigne jusqu'à la commercialisation du vin, la filière viti-vinicole multiplie les initiatives afin d'améliorer sa performance environnementale.
Pour rappel, cette même prise de conscience avait même inspiré le développement du jeu vitigame, un jeu de société pour apprendre à faire du vin en limitant au maximum son impact sur l'écologie.

Des emballages éco-responsables

De nombreuses exploitations ont révolutionné leurs modes d'emballage pour réduire leur empreinte carbone. Fini les lourdes bouteilles en verre, place à des contenants plus légers, recyclables ou même réutilisables. Une mesure qui, en plus de préserver la planète, a le mérite d'offrir des alternatives moins coûteuses aux exploitations viticoles qui, en ces temps-ci, cherchent aussi des alternatives pour faire face à l'augmentation du prix des matières sèches.

Aujourd'hui, de plus en plus de domaines viticoles ont adopté (ou sont en train d'adopter) de nouvelles façon d'emballer leurs précieux nectars. Certaines exploitations ont même franchi un cap très innovant, à l'image de la maison de Champagne Ruinart, filiale du groupe LVMH, qui, en 2020, a présenté une innovation remarquable : l'étui « seconde peau ». Exit les traditionnelles caisses en bois, Ruinart a mis au point un emballage totalement recyclable, conçu à partir de fibres de cellulose. Cette matière est obtenue à partir de la membrane des cellules des plantes et des arbres, spécifiquement de papier éco-conçu provenant de forêts européennes. Après deux ans de recherche et développement, et pas moins de sept prototypes, l'écrin final est neuf fois plus léger que leurs anciens coffrets et permet une réduction impressionnante de 60% de l'empreinte carbone de l'emballage. Esthétiquement, cet écrin rappelle la craie champenoise et sert d'hommage aux crayères de Reims. Mais au-delà de l'esthétique, deux défis majeurs ont été relevés par Ruinart : premièrement, garantir l'imperméabilité de cette « seconde peau » à la lumière, un facteur essentiel pour préserver la qualité du champagne. Une tâche réalisée en enrichissant la pâte de cellulose d'un oxyde naturel qui renforce l'opacité de la coque. Deuxièmement, assurer la robustesse de l'emballage pour protéger le vin contre l'humidité, tout en garantissant qu'il puisse être conservé longtemps au réfrigérateur et même dans un seau de glace pour le service. Une initiative audacieuse qui fusionne à merveille innovation, écologie et tradition.

Réduction de l'utilisation de produits chimiques

L'agriculture biologique, biodynamique et la permaculture trouvent un terrain fertile dans les vignobles soucieux de préserver l'environnement. En évitant ou en réduisant l'utilisation de pesticides et d'engrais chimiques, ces exploitations garantissent un sol vivant, riche et propice à la biodiversité.

Un exemple remarquable de cette transition vers des méthodes plus écologiques est celui du Domaine de la Romanée-Conti, en Bourgogne. Reconnu mondialement pour ses vins d'exception, le domaine a adopté une approche biodynamique depuis les années 1980. Plutôt que d'utiliser des pesticides et herbicides chimiques, le domaine emploie des préparations naturelles et des tisanes à base de plantes, telles que la prêle et l'ortie, pour renforcer la résistance des vignes et combattre les maladies. La biodynamie va au-delà de la simple agriculture biologique en considérant la vigne comme faisant partie d'un écosystème plus vaste, et en prenant en compte des éléments tels que les cycles lunaires pour les travaux de la vigne. En conséquence, les sols du domaine sont plus vivants, la biodiversité est encouragée, et les vins reflètent fidèlement le terroir dont ils sont issus. Cet exemple montre comment un domaine prestigieux, bien ancré dans les traditions viticoles, peut également être à la pointe de la durabilité et de la protection de l'environnement.

Gestion durable de l'eau

Avec les changements climatiques, la gestion de l'eau devient cruciale. Des techniques comme le goutte-à-goutte, la récupération des eaux de pluie et l'utilisation d'outils de monitoring pour mesurer l'humidité du sol permettent de réduire le gaspillage.

En Californie, par exemple, où la sécheresse contraint les domaines viticoles à utiliser l'eau pour irriguer leur vigne, de nombreux vignerons se sont mis à repenser leur gestion de « l’or bleu ». Jackson Family Wines en est un parfait exemple. Conscients des défis liés à cette précieuse ressource, la propriété a mis en œuvre des technologies avancées pour réduire la consommation d'eau dans leurs vignobles. L'une de leurs initiatives comprend l'utilisation de tensiomètres placés dans le sol, permettant de mesurer la quantité d'humidité présente. Ces appareils permettent aux viticulteurs de déterminer avec précision quand et combien d'eau est nécessaire pour les vignes, réduisant ainsi le gaspillage. De plus, la « winerie » a installé un impressionnant réseau de plus d'une centaine de réservoirs, destinés à recueillir l’eau des collines environnantes. Ces efforts cumulés ont conduit à une réduction impressionnante de 31 % de leur consommation annuelle d’eau depuis 2008. Et le résultat va bien au-delà des seules économies de la précieuse ressource car, grâce au surplus d'eau économisé, Jackson Family Wines a pu revitaliser une crique voisine, offrant ainsi une nouvelle chance à une population de saumons argentés autrefois menacée.
Cet exemple illustre la manière dont la technologie et l'innovation peuvent aider les vignerons à s'adapter à des conditions changeantes et à gérer leurs ressources de manière plus durable.

Le compostage et la valorisation des déchets

Après la pressurisation des raisins, que faire des peaux, pépins et rafles ? Plutôt que de les jeter, nombreuses sont les exploitations qui choisissent de les composter. Ce compost est ensuite utilisé pour enrichir naturellement les sols.

Un exemple concret de cette prise d'initiative est le Château Smith Haut Lafitte, précurseur en matière de pratiques durables et notamment en ce qui concerne le compostage et la valorisation des déchets. Pour cause, dans ce domaine emblématique de la région viticole de Bordeaux, une attention particulière est accordée à la gestion des déchets viticoles. Les résidus de vendange, principalement composés de pépins, de peaux et de tiges, ne sont pas considérés comme de simples déchets. Au lieu de cela, ils sont compostés sur le domaine, en association avec les marcs de raisin, pour créer un compost riche et nutritif. Ce compost est ensuite utilisé pour fertiliser les vignes, enrichissant le sol et favorisant une meilleure structure et aération. En parallèle, le Château Smith Haut Lafitte a développé un partenariat avec des entreprises locales pour valoriser d'autres sous-produits de la vinification. Par exemple, les lies, qui sont les résidus solides qui se déposent au fond des cuves après la fermentation, sont récupérées et transformées en distillats. Grâce à ces initiatives, le Château Smith Haut Lafitte illustre comment une exploitation viticole peut non seulement minimiser son impact environnemental, mais aussi valoriser ses « déchets » en ressources, contribuant ainsi à une économie circulaire au sein de la filière viticole.

Sensibilisation et éducation

Les vignerons éco-responsables ne se contentent pas d'adopter des pratiques vertes; ils les partagent ! Les visites de vignobles axées sur l'écologie et les dégustations éducatives sont de plus en plus populaires, offrant aux visiteurs une vision approfondie de l'importance de la durabilité dans la production du vin.

Une fois n'est pas coutume, le Château Smith Haut Lafitte se montre encore une fois très bon élève. Et pour cause, depuis des années, le domaine organise des visites guidées axées sur leur approche écologique de la viticulture. Ces visites permettent d'informer les visiteurs sur leurs techniques biodynamiques, leurs efforts pour réduire l'usage de produits chimiques, ainsi que la réintroduction d'espèces végétales et animales pour favoriser la biodiversité.
Outre les visites, le domaine organise également des ateliers pédagogiques, notamment pour les enfants, pour leur faire comprendre l'importance de la biodiversité dans les vignes. Ces ateliers touchent des sujets variés, de la vie des sols aux insectes bénéfiques, en passant par la faune locale.
De plus, partenaire de nombreuses écoles et universités, le Château Smith Haut Lafitte accueille également des stagiaires et étudiants et leur délivre des formations sur la viticulture durable, offrant un retour d'expérience inestimable pour les prochaines générations de vignerons.

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